Quand un studio d’animation se décide à faire un jeu, ca donne Kena: Bridge of Spirits. Dans une inspiration claire des films Dreamworks/Pixar et des jeux d’aventures à la Majora’s Mask, Ember Lab nous envoie dans une quête spirituelle qui à pour principal défaut, qu’on veut une suite maintenant.
Ember Lab est un studio d’animation qui a surtout travaillé sur des publicité et de la CGI à contrat avant de produire un fan-court-métrage sur Majora’s Mask (et on comprend pourquoi Kena). Comme beaucoup de jeux, Kena a eu droit a son Covid-report. Initialement annoncé pour la période de fin d’année 2020, le jeu sortira le 21 septembre 2021. On ne devrait plus donner de date de sortie si tôt dans le développement d’un jeu. Les aléas de la vie peuvent chambouler un calendrier et mettre de la pression sur des développeurs gratuitement (un peu comme ce fameux studio polonais). Dites que vous travaillez sur le jeu, donnez des infos sur le développement, et donnez la date quand vous sentez le truc prêt. On acceptera.
Kena à la montagne
Bref, sorti il y a quelque jours (et aillant fini Psychonauts2), c’est très volontiers que je m’essaie au jeu. Kena est guide spirituelle, qui… guide… les esprits… Nous commençons dans une clairière sans savoir d’où on vient, juste qu’il faut aller à la montagne. Evidemment la ligne droite vers le pic n’est pas possible, puisque les aventuriers ne vont jamais tout droit, et il faudra découvrir ce qui est arrivé dans cette vallée ainsi que le pourquoi du comment que les esprits du coin sont pas si contents que ça. En partant du constat que c’est le premier jeu du studio, on aurait pu croire, passé les premières minutes de jeu, que la partie gameplay est passé à la trappe pour favoriser l’animation. Non. Autant l’animation que la jouabilité font honneur au développeurs. Les mouvements de Kena sont fluides et s’adaptent assez bien. Mention spéciale: le saut-roulade-avant est fait d’une telle manière que l’enchainement de ce dernier est quasiment transparent.
Mon voisin toto-Rot
Les petites bêbêtes mignonnes qui suivront ce film/jeu d’animation, et qui feraient un malheur en peluches si les frais de ports de la boutique officielle n’étaient pas complétements éclatés, s’appellent les « Rots ». A la manière des Korogus, plusieurs Rots sont disséminés un peu partout dans les décors. Souvent liés a des petits puzzle, leur découverte est évidemment optionnelle. Il est possible de leur faire faire tout un tas d’action pour vous aider dans l’aventure et surtout, il est possible de les customiser avec des chapeaux qui les rendent encore plus mignons. Mais les Rots peuvent aussi être utiles pendant la bagarre. Ils sont capable de désorienter les ennemis ou de vous rendre de la vie, moyennant une charge de spécial.
L’âme des masques
Comme dit plus tôt, impossible d’atteindre la montagne directement. Il faudra d’abord purifier le reste de la vallée. Les masques ont un grand rôle dans le jeu, ils symbolisent les défunts et sont intimement attachés à eux, en utilisant leurs masques, certaines informations, cachées jusque là, deviennent visibles. Bombes, arc, tout cela se débloque au fur et à mesure pour déverrouiller de nouvelles zones. Le jeu ne se veut pas pour autant être un Majora’s Mask et sa collection de 24 masques différents apportant chacun leurs capacités, puisqu’ici les masques représentent l’avancée dans le jeu plus qu’autre chose.
C’est beau c’est neuf
La direction artistique frappe à tous les coins de rue dans Kena. Comme dit dans l’introduction, on aurait pu avoir ici un film d’animation estampillé par les grosses boites habituelles. C’est pourtant bien un jeu vidéo qu’on retrouve. Sur PS5, deux modes sont dispo, qu’on appellera le mode 4K et le mode 60fps (joli nom). Le mode 4K promet une résolution de sortie native en 4K en gardant le taux de rafraichissement à 30 images par secondes. En mode 60fps, le jeu est fluide tout le temps, contre une résolution légèrement adaptée. Le choix est simple, la fluidité avant tout. utilisez le mode 4K vraiment que pour comparer certains éléments. Il n’y a que les cinématiques qui sont lock à 24fps, studio d’animation oblige… Le game design est travaillé, la dichotomie constante des couleurs, entre le bleu/vert et le rouge/gris, sert de guide pour savoir « cé ki lé méchans » des gentils. Même un petit bonus, en général, le jaune sera utilisé pour montrer les points critiques des ennemis, ca c’est cadeau.

Cette musique là va jusqu’à 11
Impossible de parler de Kena sans évoquer la partie musicale. Gérée par Theophany, celui là même (ou ceux là, aucune idée) qui avait travaillé sur le fameux fan film de Majora’s Mask dont je parlais plus tôt. Les thèmes collent parfaitement à l’ambiance grâce a l’utilisation d’instruments (ou de VST) à vents ou a percussion. Rempli de flutes de bambous, de bâtons de pluie, de marimba ou encore de carillons éoliens. On reste dans la forêt et surtout dans cet entre deux monde qui flotte entre le monde spirituel et le réel. Il y a ce petit côté Christophe Héral de Beyond Good & Evil que j’aime tant (on se retrouve toujours).
La machine zéro-défaut?
Reprenons: direction artistique cool, bande son rafraichissante, scénario valable, gameplay sympa. Alors Kena est-il un bon jeu? Oui. Pas un excellent jeu mais un bon jeu. Sorti sans bugs bloquant la progression (pas comme le fameux studio polonais), c’est un excellent premier jeu pour un « petit » studio. Notez qu’il suffira de lire les crédits pour constater que le total de personnes ayant travaillé autour du soft sont plus près des 100 que de la petite équipe de 10 travailleurs reconnus de Ember Labs (d’après Rocketreach). Néanmoins, à 40€ c’est un super jeu qui tiendra pendant une douzaine d’heures, voir plus pour découvrir tous ces secrets. Le jeu est dur, très dur, on atteint ici une Castlevanisation du jeu vidéo mais pour ceux qui sont pas venus pour souffrir, il y a un mode histoire, parfaitement adaptés aux enfants adultes qui n’ont plus le temps. Au final, Kena c’est l’exemple même du jeu démo qu’on aime détester parce qu’il est nul, sauf que non, le jeu est vraiment bien. Et de mémoire, c’est la première fois que ca arrive.